La pornographie japonaise se distingue grandement de la pornographie d’autres cultures, en particulier de notre culture occidentale. C’est avec différentes caractéristiques, notamment la censure des organes génitaux que le porno japonais fait autant parler de lui. On vous propose dans cette première partie un historique de l’évolution de la pornographie au Japon. Nous aborderons dans une seconde partie les différentes formes de productions présentes là bas.
L’histoire de la pornographie au Japon.
Le concept de culture pornographique apparaît au début du XVIIeme siècle au Japon. Cependant et contrairement à nous, leur mythologie, aussi appelée Shintô, déculpabilise complètement la sexualité. Un acte sexuel est considéré comme un acte de plaisir mais sans tabou ou interdit.
La culture pornographique au Japon de l’époque d’Edo.
L’époque d’Edo, s’étalant de 1603 à 1867, est une période où énormément de cultures se développent au Japon. Ainsi apparaît la culture de la pornographie. Cependant, d’autres œuvres à caractère érotique étaient déjà apparues avant. Ainsi, elles sont considérées comme de l’art, de part leur côté hautement littéraire.
Pourquoi un tel développement de la culture pornographique à cette époque ?
Pendant cette période, la pornographie a prospéré en raison de la particularité de la ville d’Edo (ancien nom de Tokyo). À l’époque, 60% de la population de la ville était masculine et les hommes venaient souvent travailler d’autres villes. Ils y restent des années avant de retourner dans leur ville natale puis se marier (ou rejoindre leurs épouses). Cette importante population de jeunes hommes devait satisfaire ses désirs sexuels en lisant des livres érotiques et pornographiques, ou dans des maisons closes.
Quels types de contenus pornographiques étaient utilisés durant cette époque ?
Il se vend de nombreux articles pornographiques durant cette période. Les plus courants d’entre eux sont des impressions pornographiques appelées shunga, qui dépeignent alors toutes les positions sexuelles possibles. Ces dessins sont généralement compilés dans un livre. Ils contiennent les mots excessifs du partenaire ainsi qu’une brève description de la scène. Son utilisation fait actuellement débat. Il est probablement destiné à être vu avec la personne cible ou en train de se masturber. Mais certains parents mettaient du shunga dans le panier de mariage de leur fille pour l’initier au sexe. Les livres de Shunga pouvaient aussi être empruntés à la bibliothèque. D’autres livres pornographiques, tels que netsuke, ont également été produits au cours de cette période.
À la fin de la période, des sculptures représentant des rapports sexuels avec des étrangers ont commencé à être vendues. Des sculptures représentant la masturbation, la bestialité, des démons et des dieux sont apparues.
La culture pornographique au Japon à l’époque contemporaine.
La période Meiji
Pendant la période Meiji (1868-1912), la pression gouvernementale a réduit la publication de matériel pornographique car la sexualité ouverte dans les pays européens pouvait être considérée comme une régression. La production de Shunga a diminué, mais ces estampes continuent d’être exportées à l’étranger en tant qu ‘«œuvres d’art». Les romans érotiques et pornographiques sont toujours secrètement imprimés et vendus. L’art pornographique continue d’exister en raison de la demande, mais est considéré comme un art mineur. Alors que les insinuations sexuelles sont toujours autorisées dans les romans et les bandes dessinées, la photographie et le tournage sont soumis à une forte censure.
La Seconde Guerre Mondiale
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, toute production de matériel pornographique a été formellement interdite. Ce n’est qu’après cette dernière, influencés par des publications telles que Playboy, que des magazines pornographiques sont apparus. Ils contenaient des romans et des photographies à caractère pornographique. Playboy lui-même n’a pas eu un énorme succès au Japon. Ses articles exposent le style de vie américain. La plupart de ses modèles ne sont pas asiatiques etses interviews abordent des personnalités largement inconnues des Japonais. Playboy a cependant créé un style connu sous le nom de yomono, qui signifie «trucs occidentaux».
Les années 60.
Au début des années 1960, des films roses destinés à être projetés dans des salles pour adultes sont produits. La censure interdit strictement l’exposition génitale, mais tout le reste est autorisé. Les œuvres sont très diverses et incluent des scènes de viol et de servitude.
Durant les années 60 les pinku eiga (les films roses)sont des films à petit budget produits par des firmes indépendantes. En 1971, l’important studio Nikkatsu fait irruption dans l’industrie du pinku eiga avec des séries à gros budget. De 1960 jusqu’à la fin des années 80, différentes lois ambiguës sur la censure apparaissent. À minuit, les stations de télévision peuvent émettre des films classés pinku eiga. Mais leur score d’audience chute face à la concurrence des films pornographiques.
L’apparition des porno homosexuels.
Les publications à orientation homosexuelle apparaissent en 1971 avec la firme Barazoku, qui poursuivra son activité jusqu’en 2004. Chacun de ces périodiques s’adresse à un public différent. Badi magazine convient plutôt à de jeunes homosexuels, Samson magazine à des hommes rondouillards et G-men aux hommes musclés. Les sites Internet de ces publications reprennent les mêmes types d’hommes.
L’avènement des VHS
Au cours des années 1980, la prolifération de vidéos pornographiques, habituellement désignées en Adult Video (souvent abrégé en « AV »), éliminent les salles de projection cinématographiques dévolues aux pinku eiga. En effet, les vidéo-clubs mettent à la disposition du public la location de ces AV à un prix nettement moins élevé qu’une entrée de cinéma. La famille japonaise type possédant, à cette époque, au moins deux téléviseurs et deux lecteurs de cassettes vidéo, les ventes de bandes s’en sont trouvées accrues.
L’apparition du porno dans les jeux vidéo.
Nintendo sort sa première console de jeux vidéo en 1983 et quelques jeux à caractère pornographique sont aussitôt mis en vente. Nintendo souhaitant conserver à ses machines un caractère ludique familial, ce genre de publication est vite éliminé du marché. Les jeux pour les ordinateurs personnels, n’étant limités que par la censure, deviennent une voie de distribution idéale pour les jeux pornographiques.
Les années 1980 et 1990
Vers la fin des années 1980, la production de dōjin (les productions amateures) explose. On estime que la moitié de celle-ci est constituée par des publications pornographiques.Leur production est un moyen idéal pour faire ses premières armes avant d’aborder les journaux professionnels. Les yaoi (œuvres de fiction homosexuelles) prennent naissance au sein du marché des dōjinshi. Les années 1980 voient également les magazines spécialisés s’orienter vers des lecteurs d’âge mûr et leur offrir un contenu plus explicite. Ce n’est pas réellement une innovation. Ce genre de publication trouve son pendant sous la forme de journaux déjà existants, destinés à des lectrices. Leur contenu est bien plus explicites que leurs homologues masculins.
À dater du milieu des années 1990, les premiers jeux pornographiques arrivent dans le milieu des dōjin.
Un rapport du gouvernement britannique estime que certaines images pédophiles placées sur Internet à la fin des années 1990 sont probablement originaires du Japon. Depuis la loi de 1999 réprimant la pédopornographie, celle-ci a chuté autour de 2 %.
Merci de nous avoir lus pour cette première partie de notre dossier sur la culture pornographique au Japon. Rendez-vous dans 2 semaines pour notre partie 2.