Le point de vue des différentes religions et de leurs pratiquants sur la sexualité est variable. Quand certains y voient un mal absolu ou une tentation du démon, d’autres voient en le sexe la plus haute expression divine. D’autres encore trient entre le sexe reproductif, obligatoire à la pérénité d’un peuple, et le plaisir sexuel qui en découle. Dans cet article nous allons mettre en lumière les différentes approches religieuses de la sexualité, entre interdits et obligations.

Avant Propos

La moralité sexuelle a beaucoup varié au fur et à mesure du temps et des cultures présentes dans l’histoire. Les normes sexuelles d’une société peuvent être liées à des croyances religieuses et/ou des conditions sociales et environnementales. La sexualité et la reproduction sont des éléments fondamentaux de l’interaction humaine.

De cela découle un besoin de redéfinir le sexe pour les religions. Les croyances ont des codes de moralité sexuelle différentes, qui réglementent les activités sexuelles ou attribuent des valeurs normatives à certaines actions ou idées à caractère sexuelle. La majorité des religions ont développé un code moral couvrant les questions de la sexualité, de moralité et d’éthique. En découle ainsi une réglementation des situations suscitant l’intérêt sexuel et donc une forte influence sur la liberté sexuelle des croyants

Dans cet article, qui est la troisième et dernière partie de notre dossier sur la religion et sexualité, nous allons aborder les religions les moins connues pour nous français mais qui ont un impact culturel important ailleurs.

Le Taoïsme

Dans la mythologie chinoise, Jiutian Xuannü est la déesse de la guerre, du sexe et de la longévité. Elle est étroitement liée à Sunü, qui est sa sœur divine. Leurs deux noms combinés, comme xuansu zhidao, on pour signification “les arts taoïstes de la chambre à coucher”.

La plupart des livres portant le nom de Jiutian Xuannü traitaient de la guerre, mais seuls certains portaient spécifiquement sur le sexe. Le Xuannü Jing et le Sunü Jing, tous deux datant de la dynastie Han, étaient des manuels sous forme de dialogue sur le sexe. Des textes du Xuannü Jing ont été en partie incorporés dans l’édition de la dynastie Sui du Sunü Jing. À partir de la dynastie Han, ces manuels seraient familiers à la classe supérieure.

De l’autre côté, pendant la dynastie Han, Wang Chong avait critiqué les arts sexuels comme “non seulement nuisant au corps mais portant atteinte à la nature de l’homme et de la femme”. Pendant la dynastie Tang et les périodes antérieures, Jiutian Xuannü était souvent associés aux arts sexuels.

Le Xuannü Jing est resté un ouvrage familier parmi les lettrés pendant les dynasties Tang et Sui. Le Dongxuanzi Fangzhong Shu (“Arts de la chambre à coucher du maître des mystères de la grotte”), qui a probablement été écrit par le poète du 7ème siècle Liu Zongyuan, contient des descriptions explicites des arts sexuels qui auraient été transmis de Jiutian Xuannu. Les pratiques sexuelles, que Jiutian Xuannü aurait enseignées, étaient souvent comparées à l’alchimie et aux procédures physiologiques pour prolonger la vie.

Dans Baopu Zi de Ge Hong, il y a un passage dans lequel Jiutian Xuannü dit à Huangdi que les techniques sexuelles sont “comme le mélange de l’eau et du feu – cela peut tuer ou apporter une nouvelle vie selon que l’on utilise ou non les bonnes méthodes.”

Tu’er Shen est une divinité chinoise shéniste ou taoïste qui gère l’amour et le sexe entre hommes. Son nom est souvent traduit familièrement par “Lapin Dieu”. Le temple Wei-Ming dans le district de Yonghe de la ville de New Taipei à Taiwan est dédié à Tu’er Shen. Environ 9 000 pèlerins visitent le temple chaque année pour prier afin de trouver un partenaire convenable. Le temple Wei-ming organise également une cérémonie d’amour pour les couples homosexuels.

Universalisme Unitarien

L’universalisme unitarien, ou unitarisme-universalisme, ou UUisme, est la religion professée au sein de congrégations de l’Unitarian Universalist Association et du Conseil unitarien canadien, distincte de l’unitarisme et de l’universalisme.

Plusieurs congrégations UU ont entrepris une série de mesures organisationnelles, procédurales et pratiques pour être reconnues comme une “Congrégation accueillante”: une congrégation qui a pris des mesures spécifiques pour accueillir et intégrer les membres gays, lesbiennes, bisexuels et transgenres (LGBT). Les ministres de l’UU pratiquent des unions homosexuelles et maintenant des mariages homosexuels là où c’est légal (et parfois quand ce n’est pas le cas, comme une forme de protestation civile).

Le 29 juin 1984, les unitariens universalistes sont devenus la première grande église “à approuver les bénédictions religieuses sur les unions homosexuelles”, ainsi qu’au niveau national. Les homosexuels, les bisexuels et les lesbiennes sont également régulièrement ordonnés ministres, et un certain nombre de ministres homosexuels, bisexuels et lesbiens sont eux-mêmes devenus légalement mariés à leurs partenaires.

En mai 2004, l’église d’Arlington Street a été le site du premier mariage homosexuel sanctionné par l’État aux États-Unis. La position officielle de l’UUA est pour la légalisation du mariage homosexuel – “Debout du côté de l’amour”.

En 2004, la ministre de l’UU, la révérende Debra Haffner de l’Institut religieux sur la moralité sexuelle, la justice et la guérison, a publié une lettre ouverte sur les chefs religieux sur l’égalité du mariage pour affirmer le mariage homosexuel dans une perspective multiconfessionnelle.

En décembre 2009, le maire de Washington, DC, Adrian Fenty, a signé le projet de loi visant à légaliser le mariage homosexuel pour le district de Columbia à All Souls Church, Unitarian (Washington, DC). Les universalistes unitariens pour la sensibilisation au polyamour sont un groupe au sein de l’universalisme unitaire dont la vision est “que l’universalisme unitaire devienne la première dénomination religieuse dominante poly-accueillante”.

Le satanisme

Le satanisme de LaVeyan critique les mœurs sexuelles abrahamiques, les considérant étroites, restrictives et hypocrites. Le sexe est considéré comme une indulgence, mais qui ne devrait être librement consenti qu’avec le consentement.

Les onze règles sataniques de la Terre ne donnent que deux instructions concernant le sexe, à savoir “Ne faites pas d’avances sexuelles à moins qu’on ne vous donne le signal d’accouplement” et “Ne faites pas de mal aux petits enfants”, bien que cette dernière soit beaucoup plus large et englobe les abus physiques et autres.

Cela a toujours fait partie intégrante de la politique de l’Église de Satan depuis sa création en 1966, comme l’a écrit Peter H. Gilmore, grand prêtre de l’église de satan, dans un essai soutenant le mariage homosexuel.

Les satanistes sont pluralistes, acceptant les gays, les lesbiennes, les bisexuels, le BDSM, les polyamoristes, les transgenres et les asexuels.